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Le Bilan Énergétique Territorial

La nécessité d’une observation locale et continue dans le temps

Lorsque les collectivités territoriales s’engagent dans des démarches de réduction des consommations d’énergie et de développement des énergies renouvelables, elles manquent souvent d’éléments précis relatifs à l’énergie sur leurs territoires. Il est donc difficile de définir, prioriser et engager des actions concrètes d’économies d’énergie et de recours aux énergies renouvelables.

Il apparaît nécessaire d’engager une observation territoriale qui dresse l’état des lieux des flux énergétiques, qui suive leurs évolutions et estime les gisements d’économie d’énergie et les ressources renouvelables mobilisables. Des scénarios prospectifs pourront alors être établis et un programme d’action adapté aux territoires à moyen et long terme.

Cette observation territoriale se concrétise sous la forme d’un bilan énergétique. Elaboré sur un périmètre relativement restreint (intercommunalité, Pays, SCOT, au maximum départemental), il présente un diagnostic précis de la réalité énergétique du territoire, basé sur une approche tant qualitative que quantitative, afin d’identifier des pistes d’actions, dessiner une vision prospective et construire une planification énergétique du territoire à moyen et long terme. Cette vision doit être partagée par un maximum d’acteurs afin d’engager le territoire sur la voie de la transition énergétique.

Des retours d’expériences de plusieurs ALEC qui accompagnent aujourd’hui les territoires, tant urbains que ruraux, dans le cadre de leurs démarches énergie/climat (PCET, TEPOS, documents d’urbanisme, précarité énergétique…) permettent de mettre en exergue différents points relatifs aux bilans énergétiques.

Diagnostiquer

Le bilan énergétique commence par un diagnostic précis de la réalité énergétique du territoire, basé sur une approche tant qualitative que quantitative. Il vise à apporter des éléments de connaissances sur :

–    Les approvisionnements, productions et transformations d’énergies, en distinguant « énergie primaire » et « énergie secondaire »
–    Les exportations
–    les infrastructures de transport et la distribution d’énergie
–    les stocks
–    les consommations finales
–    les émissions de GES associées
–    les flux énergétiques du territoire
–    la dépense énergétique du territoire

Les données utilisées pour produire ces différents éléments sont recherchées à un niveau de détail le plus fin possible, afin de pouvoir les agréger à la maille voulue et présenter ainsi des résultats et des actions pertinents pour le territoire. Ces mailles peuvent être de plusieurs ordres :

–    géographique : commune, intercommunalité, département
–    sectoriel (habitat, tertiaire, transports, industrie, agriculture), voire par sous-secteur
–    par type d’énergie (gaz, électricité, produits pétroliers, ENR&R…)
–    par usage

A ces fins, les observatoires ou outils régionaux déjà existants ont vocation à centraliser les données, les diffuser, ainsi que à harmoniser les méthodologies de diagnostic. Néanmoins, les données récupérées reposent sur des méthodes de calcul spécifiques ou des évaluations qu’il n’est pas toujours possible de dupliquer à l’ensemble des territoires d’une même région. Il faut donc aller plus loin, en explicitant et en exploitant davantage les données à l’échelon local. Il faut également être vigilant à ce que les données/méthodologies utilisées soit en accord avec par les bilans précédemment réalisés ou qui le seront dans le futur.

 

sankey

Le diagramme de Sankey permet de représenter graphiquement les flux énergétiques d’un territoire

Planifier

Au-delà du diagnostic permettant de comprendre la situation du territoire et d’identifier ses atouts et ses faiblesses, le bilan énergétique de territoire constitue un véritable outil d’aide à la prospective, puis à la planification concertée. Les données récoltées dans le diagnostic doivent être croisées avec d’autres indicateurs relatifs à l’économie du territoire, au nombre d’emplois et au revenu des ménages, à la construction de surfaces tertiaires et résidentielles, aux typologies de logements, aux déplacements effectués sur le territoire, à la construction de surfaces tertiaires et résidentielles ou encore à l’évolution de la population. Ainsi, les différents éléments obtenus lors de la réalisation du diagnostic sont analysés et permettent d’élaborer des scénarios de transition énergétique adaptés au territoire, avec une estimation technique et financière des actions à entreprendre.

Ces actions concernent aussi bien :
–    l’identification de secteurs ou sous-secteurs sur lesquels engager des économies d’énergie
–    le développement de certaines filières renouvelables
–    la mise en adéquation d’éléments de production et de consommation (par exemple, valoriser une production de chaleur secondaire par la création d’un réseau de chaleur sur des logements collectifs situés à proximité)

L’accompagnement de long terme par une ALEC

La réalisation des bilans a lieu, en général, au cours d’un accompagnement de la collectivité pour la mise en place ou le suivi de son Plan Climat, mais également pour assister sa politique énergétique de façon générale. L’actualisation de ces bilans s’effectue généralement tous les ans, 2 ans ou 3 ans, mais elle est relativement aléatoire et varie en réalité selon la demande des collectivités (environ la moitié des cas).

Comme il est mentionné ci-contre, une attention toute particulière doit être portée à l’origine des données (choisir un Observatoire de référence) ainsi qu’aux méthodologies de calculs, les données devant être comparables avec les bilans précédemment réalisés ou qui le seront dans le futur.

Les missions des ALEC s’inscrivent dans la durée et dans le souci de l’intérêt général. Elles jouent également un rôle d’animation avec l’ensemble des acteurs, afin d’engager les territoires sur la voie de la transition énergétique. Dans le cas des bilans énergétiques, elles constituent la mémoire du territoire et le vecteur de concertation et de partage de la planification.